L’EXTÉRIEUR À L’INTÉRIEUR
Traduction de Dominique Stoenesco
Étant photographe, j’aime déambuler dans la ville et essayer de capter tout ce qui peut surgir devant mes yeux. Ce qui m’attire le plus ce sont les détails, les formes, les lignes et les compositions imprévues.
Avec le confinement, qui a limité mes déplacements et m’a empêchée de marcher librement dans les rues, m’obligeant à rester enfermée à la maison, j’ai commencé à voir partout des images familières qui prenaient soudainement plus d’importance qu’elles n’avaient auparavant : des ombres sur les murs, des reflets sur les tableaux et dans les recoins de la maison dont je ne m’étais jamais aperçue.
Mais, avec le temps, j’ai fini par me lasser de voir toujours les mêmes choses et j’ai décidé d’explorer quelques-unes des technologies digitales qui étaient à ma disposition, par exemple déformer des images en les découpant en petits bouts et en les combinant de telle sorte qu’elles créent une étrangeté, en s’éloignant de la réalité, sans toutefois perdre leur nature.
Dans mon cas, le temps a eu un rôle très important. Jour après jour, toujours la même routine, avec cette impression de me retrouver sans projet et sans issue. Comme si je tournais en rond dans un espace qui devenait de plus en plus restreint. C’est pour cette raison que j’ai choisi le réveil comme principal symbole, non seulement du temps qui passe mais aussi du temps qui avance tellement lentement qu’il paraît se figer. Les autres symboles ce sont des portes fermées, leur répétition, la lumière qui traverse les persiennes.
L’intérieur occupait peu à peu une place plus importante que l’extérieur, où la Nature avançait au rythme des saisons, indifférente, heureuse, presque euphorique.
J’ai opté surtout pour les collages, afin de disséquer la réalité, de m’en échapper et, à partir d’une combinaison de formes disparates, de suggérer une sensation de claustrophobie. Une situation déstabilisante qui perturbe l’esprit en créant un espace non pas unique, mais un espace où l’on peut s’égarer. L’éternel conflit entre l’espoir et le désespoir.
Mais, après tout, je me suis beaucoup inspirée d’une situation que personne ne souhaitait connaître et qui nous a surpris.
Traductrice, Ana Carvalho vit à Amsterdam. Nous lui devons notre photo de profil. Titulaire d’un master en littératures germaniques obtenu à Leipzig, elle a été lectrice à la Humboldt-Universität de Berlin. Elle a travaillé comme traductrice pour l'Union européenne. Elle collabore désormais en tant que photographe pour plusieurs magazines et participe à de nombreuses expositions, tant individuelles que collectives. Avec son mari, Harrie Lemmens, elle a créé Zuca-Magazine, un magazine de littérature et de photographie, où elle est responsable de la conception graphique, tant de l'édition numérique que de l'édition papier. Elle a contribué à deux numéros thématiques publiés par un éditeur néerlandais : l'un dédié à la poésie et l'autre à Fernando Pessoa.
Né à Besançon, Dominique est professeur certifié de Portugais, retraité. A enseigné en lycée, dans la région parisienne, ainsi qu’à la Faculté de Droit de Paris XII - Val-de-Marne. A coordonné de nombreux projets éducatifs et pédagogiques. Co-fondateur de la revue Latitudes – Cahiers lusophones et collaborateur de l’hebdomadaire Lusojornal. Auteur d’une douzaine de traductions d’auteurs lusophones (romans, nouvelles, poésie). Présent dans l’anthologie Poetas lusófonos na diáspora (2020). Membre du Conseil d’administration de l’Association pour le Développement des Études Portugaises, Brésiliennes, d’Afrique et d’Asie Lusophones et membre correspondant de l’Académie des Lettres de Salvador de Bahia.
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